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Shinsuke Takizawa, Neighborhood, Et Les Débuts Du Streetwear Japonais.

06/04/2021

La jeunesse de Shinsuke Takizawa.

Shinsuke Takizawa est né dans la préfecture de Nagano, il grandit dans la campagne, la nature. Et nous verrons que cela a une importance, comme tout, dans la vie du créateur et designer de Neighborhood.

Perché entre deux montagnes de plus de 3000 mètres, la ville de Nagano était à l’origine, nous parlons du VII siècle, un village bouddhiste. Le splendide temple Zenkō-ji, chargé d’histoire légendaire, est toujours debout et est officiellement un trésor national du Japon.

Dans cet environnement idéal et exotique pour nous autres, le jeune Takizawa Shinsuke va vite se sentir à l’étroit, et rêve alors de voyage et d’émancipation culturelle. Dans le cadre d’un programme d’échange étudiant, il s’envole pour Londres au début des années 80.

Shinsuke Takizawa Neighbordhood designer

Déjà intéressé par la mode, Takizawa va s’immerger totalement dans la mouvance culturelle qui sévit alors en Angleterre.
Nous sommes à l’apothéose de la scène punk. Le style Vivienne Westwood est partout, et sa boutique de vêtement du 430 King’s Road, le fameux « World’s End » (anciennement « let it rock » et « SEX », le magasin a souvent changé de nom) vis ses dernières heures. Le shop fermera définitivement en 1983.

L’époque est charnière, le UK punk vit ses dernières heures, et la scène hip-hop est prête à prendre la relève. Shinsuke traine déjà avec le collectif Soul II Soul, et participe aux soirées groove et breakbeat. Chargé de ce nouveau bagage culturel, il rentre au Japon, et visite le quartier de Harajuku (contraction de Ura-Harajuku), le futur centre névralgique du streetwear et de la mode tokyoïte.

Shinsuke Takizawa Neighbordhood Harajuku

MAJOR FORCE, la maison disque fondatrice du streetwear japonais.

En cette fin des années 90, Tokyo est en totale effervescence. Et Takizawa n’est pas le seul à être pétri d’influence. Cyberpunk, hip-hop, UK punk, skate, animé, rock’n’roll, la ville est un gigantesque melting-pot de toutes ses sphères et subculture qui se télescopent dans un grand fracas à Ura-Harajuku.

C’est ici que notre homme va faire une rencontre décisive en la personne de Hiroshi Fujiwara. Celui que l’on nomme aujourd’hui « le parrain du streetwear » était aussi musicien à l’époque. Un des premiers DJ de l’île, il a contribué à la naissance du rap japonais, il est l’un des fondateurs de la légendaire maison de disque MAJOR FORCE.

Le label, aujourd’hui culte, est l’un des premiers consacrés à la musique « club » et a grandement mélangé la mode, le visuel et le style à sa musique. Un art total, un pont entre toutes les influences vues plus haut. Un art de vivre pour les gars de l’époque, qui a servi de fondation pour le streetwear japonais.

Le responsable de cette vision était entre autres Takizawa qui a bossé sur la partie design du label pendant 8 ans.

neighborhood moto influence design

La naissance de Neighborhood.

Pour expliquer l’origine du nom, il nous faut revenir sur ce que l’on a déjà évoqué. La vie du quartier Harajuku, le label MAJOR FORCE, bref le crew de Shinsuke est composé de ses amis et ils sont tous dans la sape.

UNDERCOVER, BAPE, WTAPS, GOODENOUGH… Ils sont tous liés de près ou de loin à MAJOR FORCE, à Hiroshi Fujiwara et à Takizawa. Ils se connaissent tous, partage la même éthique, et leurs influences se complètent. Cette symbiose prend place dans le même quartier. Et, en 1994, prêt à lancer sa marque, Takizawa avec des potes pour voisin va tout simplement la nommer NEIGHBORHOOD.

Entourée de ses amis, dans son quartier, la boutique va faire du retail d’autres marques, celle d’Harajuku principalement ainsi qu’un peu d’imports de marque américaine. Et très rapidement la marque propre à la boutique. Nous l’avons vu, Takizawa est un passionné, dès lors les influences premières du label seront axées sur une esthétique punk, et surtout la culture biker.

Et oui, l’homme est aussi un gros passionné de moto et du lifestyle qui y est associé. On peut voir dans la boutique des photos de bikers des années 60 à L.A.. Et pas seulement des big guys blanc et barbu, mais aussi des Mexicains, des noirs, des femmes. À l’époque, surtout à L.A., mais on peut aussi le voir dans pas mal de films de l’époque (j’ai une scène de Friday the 13th part.3 qui me vient à l’esprit, ne me demandez pas pourquoi), cette culture était vraiment importante et englobait toutes minorités avec bienveillance.

Trône aussi dans la boutique, une splendide moto construite de A à Z par un ami. Bref un design de marque racé, percutant, noir et avec beaucoup d’imprimés.

neighborhood accessoire design encens

Évolution et philosophie.

Après plus de vingt-cinq années d’existence, la marque est aujourd’hui indissociable du streetwear japonais. Et a aussi changer au fil du temps. De temps à autre, des voix s’élèvent à ce sujet. Avec ces collaborations, et son recentrement plus « americana », la marque s’est-elle perdue ?

Pour répondre à cette question, nous allons revenir sur la philosophie de fondateur et designer. Pour le dire simplement, l’homme fait feu de tout bois.

En introduction, nous avons mentionné qu’il grandit dans la nature et que cela avait une importance. Et bien en 2017, Takizawa a lancé le Specimen Research Laboratory, un sous-label dédié aux plantes (honnêtement, et je n’ai pas la main verte, elles sont sublimes) et aux accessoires de jardinages. Et hop, une passion de plus qui est assouvie via le label.

Les hobbies de Takizawa sont donc étroitement liés à son travail. Le disant lui-même, l’inspiration lui vient très simplement. Un film, une ballade dans le quartier, un livre ou une discussion et le revoilà parti sur un sujet. Clairement, Shinsuke est un geek, dans sa définition la plus noble, un nerd.

Alors non, on ne peut pas dire que la marque se soit perdue, puisqu’elle reflète à 200 % la philosophie de son créateur. Des débuts punks, puis culture biker, la marque a développé par la suite et jusqu’à maintenant de multiples espaces de créativité autour des passions du fondateur.

Il en est de même pour les collaborations qui se comptent par dizaines. Undefeated, Eastpack, UGG, Adidas, Converse, Supreme… Ce qui est important de comprendre c’est qu’au travers de ses itérations et sous-labels, l’ADN de Shinsuke est toujours présent au cœur des produits. Des vêtements d’inspiration militaire ou workwear sur lequel il greffe du punk, du motard, ou de l’americana.

Comme il le dit lui-même : « du moment que nous sommes satisfaits de ce que l’on fait, et que l’on maintient notre style, je serai heureux ». Une philosophie respectable et tout à fait japonaise.