Dans le monde de la mode, certaines personnalités transcendent les frontières et deviennent des icônes indéniables de l’industrie. Rei Kawakubo, la fondatrice et directrice artistique de la marque de mode Comme des Garçons, est sans conteste l’une de ces figures emblématiques. Son approche audacieuse et révolutionnaire de la mode a fait d’elle une visionnaire respectée et une source d’inspiration pour de nombreux créateurs contemporains.
Vous connaissez sûrement le label japonais mondialement connu répondant au nom de Comme des Garçons. Mais savez-vous d’où vient l’origine de cette marque ? Qui est Rei Kawakubo, figure emblématique de la mode ? Assis-toi confortablement, prends ta grande tasse de café et pars pour la success-story de cette femme iconique du paysage de la haute couture. Découvrez notre sélection de produits Comme des Garçons.
Rei Kawakubo est une femme visionnaire, prête à braver les conventions pour transformer ses rêves en réalité. Son parcours artistique et sa détermination sans faille l’ont amenée à écrire son propre chapitre dans l’histoire de la mode. Découvrons ensemble comment cette créatrice, empreinte de courage et de passion, s’est lancée dans le monde professionnel avec une ambition sans bornes, prête à révolutionner les codes de l’industrie de la mode telle que nous la connaissons.
Rei .K, une philosophie de vie centrée sur la liberté créative et le travail
Rei est une femme née durant la guerre, plus exactement le 11 octobre 1942, à Tokyo, au pays du soleil levant. C’est par affinité et curiosité qu’elle intègre le double cursus beaux arts et littérature à l’université de Keio. L’univers artistique de la « Nippone » va s’affirmer et se peaufiner durant ses années d’étudiante où elle pose les premières pierres à l’édifice de sa vie.
Dotée d’un tempérament effacé, mais déjà affranchie de l’establishment, elle veut être LIBRE. La jeune femme ne se fixe aucune limite dans le travail et dans la découverte des arts majeurs. Mais ce qui la fait réellement vibrer c’est la mode et tout particulièrement ce qui se fait à Paris. À 22 ans, son cursus terminé, la future créatrice cherche à mettre le pied dans le monde professionnel.
1966 – 24 ans – Le tournant est pris !
À 24 ans, Rei Kawakubo décroche un job alimentaire dans le département communication d’un fabricant de produits chimiques et textiles. En parallèle, elle confectionne ses tenues pour affirmer sa différence. Ce poste, elle ne l’occupera pas longtemps. Rei, dans son travail, a besoin d’être en lien avec l’art, la création. Elle se lance donc comme styliste free-lance à Paris pour y approfondir ses connaissances sur l’art de créer des vêtements.
Incapable de trouver des vêtements qui lui plaisent pour ses shootings, lassée de confectionner les pièces qu’elle recherche. C’est tout naturellement qu’elle lance sa propre marque. La « Nippone » quitte Paris pour donner vie à son projet au Japon sans aucun diplôme en design de mode en poche.
1969 – 27 ans – Son destin est en marche
La marque Comme des Garçons est créée à Tokyo. Sa ligne se destine uniquement à la gent féminine qu’elle n’hésite pas à vêtir avec des pièces du vestiaire masculin totalement revisitées.
Quatre ans plus tard, la créatrice ouvre sa première boutique à Tokyo, instaurant l’anticonformiste de la marque : vitrines vides, vêtements au fond du magasin et totale absence de miroirs.
Le message est clair : on achète un modèle Garçons (comme l’appellent les Japonais) pour ce qu’il apporte et non pour ce à quoi il fait ressembler. Dans son pays qui ne l’oublions pas est conservateur et régulateur. La designer au carré noir millimétré se taille très vite une réputation de rebelle iconoclaste provoquant de nombreuses indignations. Elle est surnommée « le Corbeau » en raison de ses nombreuses pièces de couleur sombre ou monochrome qui sont très représentatives de son travail.
1981- 38 ans – Hiroshima chic
Sa vision anticonformiste et radicale arrive à Paris en 1981. L’ouragan japonais qui brise les diktats de la mode imposés aux femmes depuis deux décennies stupéfie le public parisien. Les spectateurs qui venaient d’assister au premier défilé de la marque Comme des Garçons lors de la fashion week de Paris ont été surpris par l’atmosphère du label. Ce jour-là, d’énigmatiques silhouettes vêtues de tissus effilochés, mailles trouées et filées, de robes monochromes, à l’aspect « défait, déconstruit et dépiécé », marquent un contraste total avec ses homologues contemporains.
Elles remettent en question les corps érotisés par des tenues ultra-féminines et sexy qui envahissent les podiums de l’époque. La presse essaiera de masquer son incompréhension en titrant leurs articles « Hiroshima chic » ou « Post atomic »; ne comprenant pas vraiment l’univers artistique de la designer tokyoïte.
Mais l’autodidacte n’en a rien faire de tout ça, son but n’est pas de plaire.
D’ailleurs, elle se désintéresse des médias et revendique sa liberté de ne pas vouloir plaire.
« L’art ne s’explique pas, il se ressent, chacun à sa propre perception de l’œuvre et l’expliquer pourrait altérer ces sentiments. » Rei Kawakubo
Instinctive ou délicate stratège ? Très certainement les deux, mais cela importe peu puisque le succès est total dans la sphère street fashion.
L’année suivante, elle réitère avec la collection Destroy. Puis, dès 1982, elle ouvre sa première boutique Comme des, comme la nomme les Français. Le courant « No Fashion » est créé. Les créateurs japonais déferlent en France pour bousculer la capitale dans sa conformité. Tout est réinventé : les coupes, les palettes de couleurs, les silhouettes, les volumes, les mannequins. Ils sont les architectes de ce nouveau courant.
1988 est l’année du lancement de la revue biannuelle Sixth Sense, où sont présentées ses œuvres comme celles d’autres créateurs. On y trouve aussi de la photographie, du design, des arts plastiques et des textes littéraires. Toutes ces activités lui donnent une place particulière dans le très élitiste monde de la mode.
2003 – 61 ans – Naissance de Comme des Garçons Play
Depuis plusieurs années déjà, Rei Kawakubo s’est entourée d’une nouvelle vague ingénieuse de créateurs japonais pour le développement de sa maison Comme des Garçons. Elle leur donne aussi la possibilité de créer leurs propres lignes sous la marque « Comme des ». Les élus sont : Junya Watanabe, Tao Kurihara et Fumitu Ganryu, en 1992, 2005 et 2007.
Pas étonnant qu’en 2003 la styliste décide de créer la ligne Play, qu’elle décrit comme étant la gamme qui joue, qui s’amuse à décortiquer. Mais cette ligne donne aussi un sens au symbole, au signe ainsi qu’au sentiment. L’idée est là, mais elle a besoin d’une particularité, d’un symbole… DU SYMBOLE.
Pendant les années 1980, la styliste a été contactée par un artiste, Filip Pagowski; très apprécié pour ses œuvres gaies et un peu enfantines, en total décalage avec ce qui se fait à l’époque. Le rendez-vous est pris pour lui présenter ses photos de représentation d’une performance de mode. S’en suit une série de rencontres/invitations aux événements respectifs des deux artistes.
Il est probable que c’est à cette période que le lien entre les deux artistes soit né. C’est en 1992 que le symbole est trouvé.
« L’image du coeur est arrivée pendant leurs nombreux échanges, mais indépendamment de la création de la ligne de jeu. C’est comme si Rei Kawakubo et moi avions été affectés de manière subliminale par le travail de l’autre. » Filip Pagowski
« Je me souviens de travailler sur quelque chose… pas relié à quoi que ce soit . J’ai eu cette idée d’un cœur rouge avec une paire d’yeux. Je l’ai dessiné instantanément. Ce logo était destiné à un tout autre projet. » Filip Pagowski
Rei décide de garder ce symbole, c’est instinctif, elle sait qu’il est le signe d’une autre histoire. Durant l’année 2003, le symbole ressort des tiroirs pour être associé à la gamme Play : pulls, cardigans, polos, t-shirts, chemises. La ligne repense les classiques du dressing féminin et masculin.
2004 – 62 ans – D’évolution en révolution
À l’aube du XXIe siècle, de grands couturiers ont disparu des podiums. Ils sont confrontés à la difficulté de se réinventer pour perdurer dans un monde toujours plus volatile et exigeant. La créatrice autodidacte ne dessine pas ses créations. Elle suit une idée qui s’inscrit dans une réflexion de chaque instant, jalonnée de doutes et de non-satisfactions.
Perdurer depuis trois décennies relève du challenge quand on sait que deux fois par an il faut transcender ce qui a été fait. Mais c’est là que le personnage surprend et nous pousse à l’admirer. Non seulement elle se réinvente, mais en plus elle révolutionne la mode internationale.
En 2004, Rei Kawakubo et son mari Adrian Joffe lancent les tout premiers magasins éphémères dans les villes où il n’y a pas de boutique Comme des Garçons. Les deux acolytes confient leurs invendus et donnent aussi quelques règles :
1. Les clients ne peuvent pas dépenser plus de 2 000 dollars par magasin.
2. Les magasins ne doivent pas être gérés par des professionnels de la mode.
3. Le magasin ne peut pas exister plus d’un an.
Au total, plus de 37 Guerrilla shops, de Berlin à Singapour, en passant par la capitale de l’Islande, sont créés sans pratiquement aucun investissement.
La même année, la prolifique Rei Kawakubo ouvre son premier concept store, le très célèbre Dovers Street Market, qui signifie « beau chaos », suivant sa logique de briser les règles. L’instinct lui dicte de proposer à sa clientèle exigeante et désireuse d’innovation un espace révolutionnaire. Pour cette femme symbole du prêt-à-porter féminin, décide de mélanger les différentes gammes de « Comme des Garçons« . Elle intègre des designers intéressants et avant-gardistes dans un lieu à la fois luxueux et créatif.
Un voyage dans tout ce qui touche la créatrice, comme si on obtenait la clé de son sanctuaire pour mieux comprendre ce qui la nourrit depuis tant d’années. On se sent comme dans une galerie d’art, comme happés par ces objets devenus l’espace de la visite des œuvres d’art qu’il est possible de posséder.
De Collab en Collab…
Les collaborations c’est aussi l’incroyable succès de Comme des Garçons et Converse. Tout d’abord la Chuck Taylor All Star en 2009, puis la Jack Purcell en 2011, la Pro Leather en 2013, et enfin la Chuck Taylor 70’s en 2015. Chaque nouveau modèle est sold out la première semaine de sa sortie.
Les marques Nike, Lacoste, Moncler, Louis Vuitton, Levi’s… ont elles aussi collaboré avec la créatrice.
Aujourd’hui, Rei Kawakubo détient la quasi-totalité de la société « Comme des Garçons », qui emploie 800 employés et dont le chiffre d’affaires dépasse les 200 millions d’euros.
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