L'histoire des chaussures clarks en Jamaique.
Un lien inextricable, une passion née il y a bien longtemps et qui continue de nos jours. Car oui les plus gros supporters des Clarks Originals n'est autres que l'île de la Jamaïque, comment et pourquoi, vous le saurez en lisant notre article.
Depuis les origines du streetwear au mouvement Rude Boys, en passant par l'appropriation par la communauté, pour finir par la reconnaissance de la marque elle-même. Une grande histoire vous est contée.
Jamaïque, le berceau du streetwear.
Puissante et unique, la culture jamaïcaine raconte l’histoire d’un pays cosmopolite. Cette petite île antillaise caribéenne est d’abord connue pour avoir été le berceau du mouvement rasta, et a rayonné à travers ses exploits sportifs en athlétisme.
Mais le pays a avant tout diffusé sa culture à travers ses sonorités. Du rocksteady au ska, en passant par le reggae et le dancehall, ses musiciens ont su inventer et réinventer la musique pour faire vibrer le monde entier. Ses musiques, ses rues, ses Clarks et sa culture ont influencé de nombreux styles vestimentaires qui colorent encore nos paysages urbains aujourd’hui. Une influence que beaucoup ont tendance à oublier.
En effet, le streetwear n’a pas attendu les B-Boys new-yorkais pour flâner nos rues. Sa culture et ses codes sont bel et bien l’œuvre de ce melting pot antillais. Encore intacts est non influencés par les US, les Jamaïcains étaient loin de se douté qu’ils allaient marquer la mode urbaine avec un style et une culture unique en son genre : Les Rude Boys.
Dés le début des 50 s, les sound systems sont apparus sur l’ile, accompagnés de ce nouveau look aux codes bien tranchés. Né dans les ghettos et fédéré par la musique, c’est d’abord le reggae puis le dancehall qui le fera voyager à travers les frontières.
Avant de devenir bling-bling, le streetwear américain s’en est inspiré, mais c’est en France que l’on peut encore noter une influence marquée.
Le style iconic des Rudes Boys.
La tenue du Rude Boy est constituée de 4 éléments principaux.
Pour commencer tout bon Rude Boy qui se respect porte un tam. Bob Marley a contribué à sa réputation internationale. Le Tam, rastafar, rastacap ou encore toppa, est un bonnet rond qui sert à maintenir les locks. Apparu dans les années 30, il est d’abord porté religieusement par les rastas, et s’est ensuite généralisé pour devenir un marqueur pour la communauté Rude Boy.
Le Ganzie. Porté par l’armée norvégienne en 1930, puis démocratisé par les Américains avec le « health vest », ce marcel en filet, surnommé Ganzie, est devenu une pièce incontournable du rude boy. Notamment chez les gangs comme le célèbre Spanglers Posse. Ce marcel est porté sous une chemise dont seul le col est boutonné.
Pour le bas, jean ou pantalon cigarette, la culture Rude boy n’a pas de pantalon emblématique. Toute la subtilité réside dans la manière de le porter.
Remonté d’un seul côté, souvent orné d’une ceinture en coton ouverte, une seule obligation à laquelle un Rudy ne peut déroger, c’est le symbole universel de la rébellion. Dans tous les ghettos, pour marquer son refus de Babylone, le Rude boy porte un bandana plié dans une poche et un journal dans une poche arrière pour cacher un couteau et le « Rachet knife ».
Vient alors la dernière pièce, et pas des moindres. La plus importante, celle qui se doit de rester clinquante et neuve. S’il y a bien un élément qu’il faut retenir dans ce pack du bon Rude boy, c’est bien les chaussures. Mais pas n’importe lesquels. Dans le ghetto, il n’y a qu’une marque qui a son mot à dire : Clarks Originals. Les Jamaïcains vouent un véritable culte à cette marque venue d’Angleterre.
Desert Boots ou Wallabees, peu importe la forme et la couleur, une fois aux pieds, un Rude Boy peut tout affronter. Mais, en ville, pour être à l'aise dans ses chaussures il vaut mieux consulter notre guide sur les pointures et la taille des Clarks. Un petit conseil, n’oubliez pas votre brosse à dents, le nubuck n’aime pas la poussière.
La Paire du Ghetto.
À Kingston, les Rude boys sillonnent la ville et utilisent la Clarks comme un signe de reconnaissance.
Synonyme de coolness, ou d’attribut badness, la marque est portée par celui qui veut montrer d’où il vient, mais avec élégance. D’ailleurs nous vous invitons à lire notre article, plein de bons conseils, pour savoir comment porter des chaussures Clarks. Dans la ville et les ghettos, c’est d’abord un marqueur de luxe, mais aussi de puissance. Certains disent que si tu ne portes pas les Originals aux pieds, tu n’as rien à dire.
Des paires tous-terrains, résistantes et assez souples pour courir, la semelle en crêpe à tout pour se confronter au terrain difficile jamaïcain et convenir aux Rudies soucieux de leur look. La semelle en crêpe est alors un marqueur identitaire, à tel point que son porteur risquait la garde à vue. Le modèle Desert Trek a était immédiatement catalogué « chaussure des voleurs ». Selon les policemans, celui qui peut s’acheter une paire si cher est forcément un badman.
Dans la légende du label, une descente de police est restée tristement célèbre. Un soir des 60’s, lors d’une énième soirée organisée par le label Sir Coxsone Dodd, connu pour ses sounds systems enfiévrés, ceux qui portaient les OG importées se sont vus séparés par la police de ceux qui n’en portaient pas. Immédiatement cataloguées voyous, les semelles en crêpe se sont fait rouer de coups par les officiers.
Une discrimination qui n’a fait que renforcer l’identification à leur symbole : retournant le stigmate, les rude boys en ont fait un objet de puissance et de prestige.
Le totem Originals.
Vous l’aurez compris, dès ses premières foulées sur le sol jamaïcain, les paires anglaises ont pris une place à part dans la culture jamaïcaine, et ces rude boys ont réussi à les élever au rang d’objets totémiques. Ces chaussures sont devenues si importantes pour la population, qu’en 1970, suite à l’interdiction de vente de chaussure étrangère en Jamaïque, des routes commerciales secrètes entre l’Angleterre et Kingston ont été formées pour continuer l’importation.
La marque britannique est depuis lors un pilier de l’île. Une popularité et un succès qui a donné lieu au placement de produit le plus spontané et efficace du marketing. On ne compte plus les morceaux aux titres en hommage à sa gloire. Chacun vantant sa préférence pour un modèle ou un autre. Sans oublier les pochettes et titres d’albums exhibant ces icônes religieusement alignées.
Vu le succès de la marque anglaise, le Prince Harry, en visite sur l’ile, ne peut lui-même déroger à la règle, et chausse ses Desert Boots de couleur bleue.
Une histoire qui s’entretient.
Soucieuse de remercier la fidélité de ses consommateurs jamaïcains, la marque a cumulé plusieurs partenariats pour soutenir la population, et œuvre pour les enfants défavorisés de l’ile. Le label a mis en place un partenariat communautaire avec Marverley Primary and Junior High School.
Elle travaille également en étroite collaboration avec la lauréate du Grammy Award Koffee sur son organisation à but non lucratif « Families Rule/MTLT ». Une organisation caritative qui se concentre sur l’autonomisation des jeunes par la formation, le mentorat et les bourses.
La marque continue son trek en Jamaique, notamment via le footballeur Raheem Sterling de Manchester United qui a une édition limitée à son nom et a des accords aussi avec des artistes comme Koffe, Lila Iké ou encore Chonixx.
Édition limitée Jamaïca.
Pour ce mois de mars 2021, la marque décide de rendre un hommage en bonne et due forme à leurs plus fidèles consommateurs caribéens. La prestigieuse marque anglaise sort en leur honneur une édition limitée de ses modèles les plus iconiques à savoir la Wallabee, la Desert Trek, et les Desert boots.
Pour l’occasion ces modèles se voient rebaptiser Jamaica Bee, Jamaican Trek et Desert Jamaica. Elles arborent des détails aux couleurs du drapeau jamaïcain.
Ce jamaïcan pack est un remerciement bien mérité pour la communauté Rude Boy qui porte la semelle en crêpe depuis près de 60 ans plus fièrement que n’importe qui.
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