1982, Ravirano près de Modène en Italie, le sportswear s’apprête à connaître une révolution grâce à un artiste et intellectuel bolonais : Massimo Osti. Mais savez-vous d’où vient Stone Island ? Retour sur la genèse de la marque à la rose des vents, entre fonctionnalité, recherche et développement. Stone Island a su au fil des années s’imposer comme une référence dans l’histoire du sportswear et casual haut de gamme.
Une Histoire et une identité forte
Une toile comme point de départ
Tout commence dans les années 80, Mr. Osti officie en tant que styliste et directeur pour une entreprise de textile : CP Company. Cette structure était reconnue pour ses innovations technologiques dans le secteur du vêtement sportif et de la mode masculine.
De cette recherche au sein de l’entreprise naîtra un tissu en 1982 : le Tella Stella.
Ce matériau utilisée à la base pour l’élaboration des bâches de camions arborait une couleur différente de chaque côté. Le rendu était unique et original, mais avait du mal à s’intégrer dans l’activité que proposait CP Company.
C’est alors que Osti va avoir une idée, pourquoi ne pas utiliser cette fameuse toile de camion pour la mode sportwear. Il va donc se servir de cette invention pour créer 7 blousons uniques, en transformant la toile très robuste en la lavant et relavant des dizaines de fois avec des pierres ponces afin d’être utilisable.
Le résultat : une pièce à l’aspect et à la couleur vieilli et au charme indéniable. Que demander de plus ? La première collection apparue en 1983 s’inspirait du style militaire et se composait donc des sept blousons dans cee matériau inédite. Au fur et à mesure des années, Stone Island à affiné sa collection ainsi que ses vêtements, c’est pourquoi dans notre article Comment Taille le Pull Stone Island ? nous revenons sur ce classique de la marque afin de vous guider au mieux dans vos recherches.
Mais Stone Island ce n’est pas seulement une technologie : c’est aussi un nom fort.
Stone Island, un nom et un logo trouvant leur origine dans la littérature.
Une forte identité nécessite un nom tout aussi marquant, et c’est dans les romans de Joseph Conrad (orphelin Ukrainien, capitaine de la marine britannique et écrivain), qu’elle le trouve.
STONE ISLAND, voici les mots les plus utilisés par l’auteur. Il ne restait plus qu’à trouver un logo emblématique : la Rose des Vents, affichée comme un insigne militaire sur la manche et symbolisant l’amour de la mer et la recherche permanente.
Stone island : un ADN et des Hommes charismatiques.
La recherche et l’innovation comme devise
Au sein de son LAB (laboratoire de recherche de la marque) réside le cœur de la marque : la recherche. Ininterrompue, approfondie et sans limites, elle se concentre essentiellement sur de la transformation et de l’amélioration des fibres textiles comme le coton.
Dans leur laboratoire se mêlent technologie et mode. On y retrouve des vestes, des pulls, un aspect vieilli, de la technicité, un coton molleton d’une rare douceur… Bref, un large panel de spécificité propre au label.
La marque se veut innovante et nous le démontre grâce à ses créations folles ; de nouvelles matières, de nouvelles techniques de production, de nouveaux modes de teinture ou des détournements (en référence à l’utilisation des bâches de camion pour confectionner les premières vestes).
Ce désir d’inventer et d’innover est dans l’identité de la marque depuis ses débuts.
Ainsi beaucoup de projets ont fait leur apparition aux yeux du monde :
“blousons fabriqués à partir d’un unique filament de nylon issu des technologies de filtration des eaux, tissu hautement rétro réfléchissant ou thermosensible, toiles en nylon ultra léger, enduit employé dans l’aéronautique pour protéger les ordinateurs de bord, tissus non-tissés, feutres en Kevlar® et polyester, ne sont que quelques exemples de ce que la philosophie Stone a engendré.”- source : stoneisland.com
Mais cette quête pour la recherche et le développement n’aurait jamais pu s’inscrire dans la durée sans cet homme charismatique : Carlo Rivetti.
Un homme comme pilier de la domination de la firme
Loin de l’image du savant fou, innovant pour innover, la recherche de Stone n’a qu’un objectif, la qualité et la praticité. La philosophie de la marque se veut de proposer des vêtements plus confortables et plus fonctionnels pour l’homme au quotidien. Ce souhait d’innovation est en partie dû à Rivetti, actuel PDG de la compagnie.
En 1983, Carlo intègre et prend la direction de l’entreprise. Cet entrepreneur dans le commerce et la production de textile italien va racheter 50% du capital de l’entreprise. Quelques années plus tard dans les années 90 il rachètera entièrement la firme dans une optique de pérennité et de renforcement de l’image de la marque.
Carlo a su saisir rapidement le positionnement de la marque et son potentiel. Sa force ne réside pas seulement dans la commercialisation de vêtements haut de gamme à bonnes matières, mais renvoie aussi à des convictions profondes en matière de mode décontractée. Il va s’appuyer sur la vision de la mode de Massimo, des pièces techniques au style casual, et ainsi affirmer l’ADN de la marque.
Une collaboration et une entrée fracassante dans la mode.
Au milieu des années 90, Massimo quitte officiellement le label au célèbre patch. Rivetti se retrouve alors avec la lourde tâche de devoir trouver un nouveau styliste et directeur artistique pour Stone.
C’est en 1994 qu’il va faire une rencontre déterminante dans un salon à Munich, il découvre le travail de Paul Harvey, un créateur britannique qui vivait à Sant’Arcangelo di Romagna en Italie. Lors de leur première rencontre, Rivetti dira cela :
“J’ai été frappé d’un étrange sentiment de familiarité et je me suis exclamé : c’est le Stone du XXIe siècle ! “
C’est avec Paul Harvey, créateur, styliste au nom de chanteur pop, et son approche fonctionnelle du design, que Stone fait une entrée magistrale dans le XXIe siècle.
Des collections tendance, pragmatiques, et une esthétique témoignant des procédés de fabrication : voilà ce qu’a apporté le « british » à la marque. Après 12 ans de bons et loyaux services et 24 collections conçues pour la célèbre marque italienne, Paul Harvey décide en 2008 de mettre fin à sa carrière de designer afin d’œuvrer pour la planète.
Une rupture provoquant un tournant majeur de la compagnie.
C’est à ce moment que Carlo, PDG de la marque, décide de prendre un virage inattendu inscrivant la marque comme une entreprise contemporaine :
» Les temps avaient changé. Pour devenir réellement contemporaine, l’entreprise se devait d’être multiculturelle. J’ai réuni une équipe de création. J’avais le sentiment que pour envisager le monde sous tous ses aspects, l’époque exigeait de faire appel à des visions et à des esprits différents, et c’est ce qui définit la philosophie de Stone Island depuis ce jour. J’ai l’impression de tenir le rôle de l’entraîneur. Je choisis qui envoyer sur le terrain en fonction du match à jouer. « – Carlo Rivetti
Carlo Rivetti a su au bon moment restructurer l’entreprise en s’entourant de collaborateurs qualifiés et compétents permettant un déploiement accéléré de la marque. Aujourd’hui, cet empire italien créé par M.Osti représente un chiffre d’affaires qui se compte en centaines de millions d’euros avec 200 millions d’euros de ventes réalisées en 2018, un résultat impressionnant. Grâce à cette restructuration de Carlo Rivetti, nous vous présentons dans notre article Stone Island FW19 Entre Innovation et Héritage, une des collection qui a suivi son remaniement de la marque et par la même occasion ce qui à permis à Stone Island de recouvrir un second souffle.
Mais ce qui fait réellement la force de ce géant de la mode casual c’est sa communauté de fans. Un temps relayé à marque de Hooligan’s, Stone a su se détacher de cette fan base pour conquérir le vestiaire masculin et le monde du RAP.
Stone Island et Hooligans Entre Amour Et Haine
Les Hooligans anglais comme symbole de la communauté de Stone Island
La marque italienne connaît un regain d’attention ces dernières années, autrefois cantonnée au look du hooligan anglais, elle s’expose désormais au bord des parquets de NBA et dans les hautes sphères de la société.
L’histoire de Stone est intimement liée à celle du football européen. Dès 1982 la marque est le sponsor officiel de l’équipe italienne, et un peu plus tard celui des Hooligans anglais après que ces derniers l’aient découvert lors des Championnats d’Europe de 1984.
C’est durant les déplacements contre les clubs italiens que les hooligans ont fait la connaissance du label. Ils pillaient les magasins de luxe et ils s’accaparaient des fameuses pièces au patch de la rose des vents, ultime trophée à ramener au pays du thé. Notre article Stone Island et Hooligans, entre Amour et Haine vous renseignera davantage à ce sujet.
La marque est d’ailleurs bien représentée dans le film Green Street Hooligans, film inspiré de The Football Factory la référence de cette culture, dans lequel on suit le GSE (Green Street Elite), un groupe d’hooligans fan du club de West Ham United. Le Trench Coat et la Zip Jacket les accompagnent dans les tribunes ainsi que dans leurs rixes.
L’influence du rap comme acteur de diversité et de rayonnement.
Celui qui l’a réellement rendue mainstream n’est nul autre que Drake, portant la marque à de multiples reprises. De la doudoune au tee, il est même aller jusqu’à se faire fabriquer une ice chain bling bling Stone, collier estimé à 100K $ comme le révèle Highsnobiety dans un article.
Vince Staples, Travis Scott ou A$AP Nast qui clamaient être les premiers rappeurs de la côte EST des États-Unis à avoir porté du Stone, ont eux aussi contribué à l’essor de la marque aux yeux du grand public.
On peut voir des Clips de rap apparaître plaçant la rose des vents au centre de tous les regards. Le clip de Vince Staples Big Fish illustre parfaitement cela, mais c’est également vrai pour quelques clips de Drake.
C’est ce succès commercial qui permet aujourd’hui à Stone d’être une marque technique très haut de gamme. Présente partout dans le monde, la marque s’est même offert une boutique de 500m² à Los Angeles, sur North La Brea Avenue, la plus grande de la compagnie.
Stone Island Et Street Culture, Retour Sur Un Phénomène Culturel.
La marque de Massimo Osti est une succession d’hommes et d’idées tombés à pic. Des ambassadeurs sulfureux et des artistes au sommet. C’est un état d’esprit, une vision de la mode, une approche du design.
Un savant fou faisant des manteaux avec des bâches de camions, un visionnaire comprenant les tendances et les enjeux du monde de la mode, un designer à la vision pragmatique, et aujourd’hui une armée issue des quatre coins du globe composé de designers, chercheurs, ou même des teinturiers. L’aboutissement d’un travail d’une vie et d’une histoire riche en émotions.
On vous propose d’ailleurs notre article Stone Island et Street Culture, Retour sur un phénomène culturel pour plus d’informations !
English Casual : Une Culture Entre Dandys Et Hooligans !
Lorsqu’on entend le nom de l’entreprise, nous pensons à cette firme Hooligans qui se regroupent pour les matchs. De ce fait, cela nous amène à vous parler de la culture Casual, souvent assimilé au hooliganisme anglais, mais elle ne se limite pas qu’à ça, c’est une culture riche, des gens passionnés et une vraie identité. La culture casual est née d’une volonté de rupture avec les générations précédentes, c’est un look sport, mais pas que, car il ne suffit pas de mettre un survêtement et de se dire casual, ce sont des us et coutumes bien définis et très stricts. Si vous voulez découvrir comment rejoindre cette famille vestimentaire qu’est la famille casual, nous vous invitons à en apprendre plus via notre article English Casual : Une Culture Entre Dandys Et Hooligans !, nul doute sur le fait que vous allez adorer les valeurs de ce style.
À propos de Stone Island, retrouvez nos articles :